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Samedi vingt-deux mars, à onze heures du soir ; je natte mes cheveux pour la nuit.

« On appelle Madame au téléphone, en bas.

— Bon ! j’y vais. »

Je jette une écharpe sur ma coiffure défaite et cherche éperdument des petits souliers vernis introuvables pour remplacer mes pantoufles. Enfin, à peu près correcte, je dégringole dans le vestibule tout ripoliné de blanc, où somnole un petit chasseur, et j’empoigne les récepteurs de l’appareil.

« Allô ! bonjour, chère amie… Oui, c’est moi, Barral. Dites donc, voilà ce qui arrive ; nous partons demain pour Cannes… Hein ? ah ! je croyais avoir entendu… Ben oui, c’est ennuyeux ; je vais vous expliquer… C’est ma femme qui a été très souffrante cet hiver ; elle a eu une rechute, la pauvre ; ça m’a beaucoup tourmenté de voir qu’elle ne se remettait pas de son ancienne grippe. Alors, le médecin est d’avis qu’elle change d’air ; et comme je suis moins occupé maintenant, je l’emmène dans le Midi pour un mois. Je regrette bien de ne pas pouvoir vous dire