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Les bourgeons de mars illuminent de leurs petites girandoles vert pâle tous les buissons et les marronniers des Tuileries… Je devrais être partie depuis longtemps déjà ; la mission universitaire qui justifie ma présence à Paris est amplement terminée, et, si je n’avais pas les relations que j’ai à Cambridge, les prétextes que j’ai pris pour prolonger mon séjour ne serviraient probablement à rien.

Je suis allée deux fois à Montmartre pour revoir ce brave Cardoc. La première fois, j’ai trouvé porte close ; la seconde fois, je l’ai vu, assis devant son chevalet, le chapeau sur la tête, ayant oublié de déjeuner à quatre heures de l’après-midi, si absorbé dans le travail d’un petit tableau qui ne marchait pas à son gré, que je n’ai pu en tirer que quelques monosyllabes accompagnés d’un sourire absent. Heureux homme… Il est inutile d’aller le voir. Je suis retournée trois fois au Salon de l’Humour Français ; j’ai l’excuse, vis-à-vis de moi-même, de passer souvent devant la porte… La dernière fois, j’ai entendu la voix de Barral dans le bureau qui ouvre sur la