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À peine rentrée dans ma chambre, je vais ouvrir la vieille malle de moleskine noire qui sent toujours le camphre. J’ôte quelques papiers qui en garnissent le fond : un prospectus du Bon Marché, annonçant les « nouveautés de printemps de 1892 » avec des dames aux tailles de guêpes et aux manches à bouffettes sur les épaules ; et, en dessous, une photo jaunie encadrée dans une sorte de porte-carte en maroquin olive. Il est certain que je n’avais jamais eu l’idée de la retirer de son cadre, cette photo que je trouvais d’ailleurs très mal réussie. Qu’allais-je trouver au verso ? sans doute une boutade du Barral d’autrefois, qui faisait un peu trop d’esprit, comme le dit avec une certaine raison le Barral d’aujourd’hui… Je fais glisser la feuille de carton et la retourne. Il y a là une petite mèche de cheveux châtain roussâtre, collée très soigneusement sous une étroite bande de papier, et, en dessous, quelques mots tracés d’une écriture irrégulière et menue qui était son écriture d’alors : « Je vous envoie la seule chose qui vous plaise de moi : mes cheveux. Ne les jetez