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cette pauvre Mme Barral ; elle a pris vingt ans de plus ! — Dame, elle a eu la grippe. — Et puis surtout, mon cher, elle a été malade de peur le printemps dernier, à cause du canon ; vous rappelez-vous ses conférences du samedi sur le courage civil, qu’elle a interrompues net parce qu’un obus est tombé à deux kilomètres d’ici… elle a filé à Cahors, sur le marchepied d’un train ; et sans sa fille qui avait refusé de quitter Paris… — C’est honteux, ça, quand on a bien rasé tout le monde avec son cran et son patriotisme… Moi je ne suis partie que le 1er juillet. — Elle n’est pas bête, cette femme ; mais quelle poseuse ! Vous savez que son mari la porte sur les épaules… — Dame ! ça se comprend ; c’est un ménage si mal assorti ! Lui, c’est un vrai artiste, très simple, très bon enfant ; quelle différence avec elle ! — Mais, dites-moi… j’ai entendu raconter cet hiver qu’ils étaient sur le point de divorcer… qu’est-ce qu’il y a de vrai là-dedans ? — Eh bien, je ne voulais pas en parler, mais je crois que c’est exact… Elle a fait un raffut épouvantable à propos de la liaison de son mari avec Chose… vous savez, la danseuse roumaine… ou bulgare… » Un petit sentiment de froid me traverse encore. « Mileska ? mais elle n’est plus à Paris ; et puis, il s’en fichait complètement, je crois. —