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recevant, après, l’épreuve que je vous ai envoyée ! et ce que vous avez dû me traiter de maboul ! »

Je lève les sourcils, en signe d’incompréhension totale.

« Comment ! vous ne vous rappelez pas ?

— Je me rappelle avoir reçu une épreuve collée dans un cadre passe-partout en maroquin — qui est toujours chez moi, d’ailleurs, car je l’avais laissée, en quittant Paris, dans la malle dont je vous ai raconté l’histoire ; mais cette photo ne présente rien d’extraordinaire… »

Barral se met à rire.

« Allons, bon ! un chef-d’œuvre perdu ! Eh bien, ma chère, je ne veux rien vous dire ; quand vous serez revenue chez vous, retirez la photo de son cadre, retournez-la, et vous verrez quel potache transi était votre amoureux de ce temps-là… »

Une grêle d’applaudissements nous coupe encore la parole. Quelques personnes s’écartent à l’entrée du fumoir devant le passage d’une Mme Barral toute bruissante de jais, décolletée comme pour un bal, ses bouclettes rougeâtres sous un béguin en perles d’acier.

« Marcel ! lance sa voix brève ; viens conduire ces dames dans la salle à manger ; on va passer au buffet. »