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— Précisément peut-être parce que c’étaient les plus éloignés de nous et que nous ne les connaissions absolument pas… Braves types, d’ailleurs. Naïfs ; sans aucune rosserie ; faisant des efforts très gentils pour nous plaire… Mais… déconcertants pour les mœurs françaises. Vous écrivez à un Yank ; il vous répond au bout de trois mois, s’il répond. Vous l’invitez à dîner ; il ne donne pas signe de vie, et il vous est impossible de savoir s’il ne viendra pas du tout, ou s’il viendra au dernier moment, en amenant trois camarades…

— La vie des ranchs du Far West, même pour les gens de New-York… Assez différente du formalisme anglais, en tous cas.

— C’est vrai ; vous habitiez l’Angleterre, avant de venir ici. Dites-moi ; comment est-ce, Cambridge ? Curieux, intéressant ? J’aimerais assez connaître ce pays-là… »

J’empoigne mes souvenirs de petite ville britannique, et je parle longuement, pas pour le plaisir de parler, mais pour celui qu’on éprouve à être tout près du visage, des yeux, de la bouche, d’un être qui vous attire, dont on perçoit la chaleur vivante, l’arome spécial, et qu’on sent là un coin d’âme cachée qu’il faudrait de longues heures pour saisir… Notre