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transformé ; la clientèle n’y est plus. À la place de beaucoup d’établissements, c’est un cinéma que je trouve.

J’ai revu Charlette dans un atelier où des jeunes femmes et des jeunes hommes, assis ensemble, dessinent d’après des modèles nus, sous la lumière crue des becs électriques. On échange à peine deux ou trois mots brefs en quatre heures. Mme Bol aurait crié d’horreur, jadis, à l’idée d’envoyer sa fille dans un lieu où l’on pratique ainsi le mélange des sexes. Aussi, Mlle Bol (ayant du goût pour tous les arts d’agréments, affirmait sa mère) avait simplement pris des leçons d’aquarelle au couvent où elle avait été élevée. Elle en avait gardé des notions très imprécises sur la peinture, mais fort précises, en revanche, sur la plastique de Capoul, dont une heureuse camarade lui aait montré la photo en maillot si collant qu’il plongeait toutes les élèves dans « l’essaim des rêves malfaisants » dont parle Baudelaire… Ah ! brave Mme Mouton ! comme elle tomberait de son haut si je lui rappelais ce petit épisode, très oublié, de sa jeunesse…

Et puis, un jour, j’ai emmené Lucien Rousset entendre du Maurice Ravel qu’il adore avec l’impétueuse violence de son âge. Il y a eu quelques sifflets ; alors, Rousset et son clan d’éphèbes ont hurlé,