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Je n’irai pas chez la dame acajou et rose bonbon, elle et son salon ne m’attirent pas. Que Barral me fasse signe s’il a envie de me revoir, après tout.

Les jours glissent les uns sur les autres, calmes parmi les effondrements de nations millénaires, les écroulements d’empires qui refont la carte du monde… Pendant ce temps, je me promène au Luxembourg, gris perle et d’une sérénité aristocratique sous le pâle soleil hivernal ; mais je n’y trouve plus en rien le caractère du Luxembourg de ma jeunesse ; plus d’étudiants, plus de boutiques aux gaufres ; plus le marchand de coco d’antan qui promenait sur son dos une fontaine de velours rouge et de cuivre… J’ai cherché à retrouver les établissements exotiques du quartier du Panthéon où je m’amusais jadis à faire des escapades : le restaurant chinois aux produits gélatineux du boulevard Montparnasse, les Orientaux, turcs ou grecs, de la rue des Écoles, la taverne russe où l’on mangeait des « blini » dans un épais nuage de tabac, parmi une foule silencieuse qui vous regardait sans bienveillance… Mais tout cela est fermé ou