Page:Suzanne de Callias La malle au camphre 1919.djvu/182

Cette page n’a pas encore été corrigée
— 172 —

d’ailleurs un drôle d’assemblage avec l’austérité despotique du code romain dont nos législateurs nous ont affublé, dans leur naïf respect de tout ce qui vient du midi… »

Il s’arrête net, le regard braqué sur la vitre qui encadre le trottoir du côté de la Madeleine :

« Ah ! nom de D…, ma femme ! je vous demande pardon, mais je l’avais oubliée !… Nous avions rendez-vous au bureau de la galerie à quatre heures un quart… et elle en sort, parbleu… Venez vite… »

Tout en parlant, il a réenfilé son mac-farlane kaki, et sort en hâte de la salle ; je le suis tranquillement. Juste devant le tambour vitré, nous voilà nez à nez avec une dame plutôt grande, d’un embonpoint rigoureusement maintenu, enveloppée d’un superbe manteau zibeline, qui exhale un violent parfum d’origan. Elle interpelle Barral d’une voix coupante :

« Comment ! tu étais au café ?… eh bien, mon cher, tu ne te gênes pas ; voilà vingt minutes que je t’attends au bureau !… »

Barral me pousse devant lui, en bouclier, avec un sourire inquiet :

« Écoute, Gaby, tu m’excuseras ; j’ai rencontré Madame, qui est une camarade d’enfance… d’enfance tout à fait…. Tu connais certainement son nom… »