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du XVIIe siècle, où ils auraient vu, entre autres exemples, le jeune Louis XIV se plaignant qu’à un bal masqué chez Mazarin il a été bourré de coups de pied au derrière… par des gens de la haute aristocratie, qui trouvaient ça très rigolo. La politesse française ! en réalité, elle est complexe : beaucoup moins dans les formes extérieures que dans les questions de tact, d’altruisme moral, dont la plupart des étrangers ne se doutent pas… Et quant à la valeur guerrière de la race, dont vous parliez encore, a-t-elle jamais cessé d’exister jusque dans les époques de décadence ? les mignons de Henri III n’étaient-ils pas d’enragés batailleurs, comme les muscadins du Directoire ?…

— Vous avez raison ! en somme le caractère national serait un peu comme un ruisseau, qui coule sous terre ou à découvert… »

Barral est remonté ; il part de nouveau, après avoir avalé d’un trait son second verre de Porto : « Nous n’avons pas changé, vous dis-je ! Tenez, les bonnes gens qui gémissent sur l’impiété de notre génération n’ont pas lu ces fabliaux du moyen âge, si impertinents pour les moines et les nonnes, et ferment les yeux sur les irrévérencieuses sculptures de nos églises gothiques… Il y a toujours eu dans le tempérament français un côté frondeur, qui faisait