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Mme Bol ayant disparu, dans un léger parfum de naphtaline, est remplacée par sa fille, jeune personne sans laideur ni beauté, ni âge, ni sexe, qui m’installe dans ma chambre et m’accable de questions tout aussi inanes que celles de sa mère : « Je m’appelle Thyra ; c’est un nom norvégien sans doute ? — Je n’ai pas eu peur de venir toute seule de si loin ? Est-ce que je connais M. Barral, qui m’a conseillé de louer cette chambre ? c’est un bien aimable jeune homme, quoiqu’il ait un peu le genre artiste (ici une rougeur sur ses joues pâles). » Puis encore : « Tenez, Mademoiselle, puisque vous vous y connaissez en beaux-arts à ce qu’il paraît, j’ai mis là un calendrier peint par une sœur de Notre-Dame de Sion qui vous intéressera ; elle a un grand talent, cette sœur ; on dit qu’elle peint les fleurs à s’y tromper. Ah ! j’ai oublié d’arracher les feuillets… 30 octobre 1890 ; voilà qui est fait. Bonsoir, Mademoiselle ; si vous voulez vous laver les mains, le pot à eau et la cuvette sont là sur la commode. »