Page:Suzanne de Callias La malle au camphre 1919.djvu/177

Cette page n’a pas encore été corrigée
— 167 —

« Cependant, lorsqu’on parle toujours du vandalisme utilitaire de notre époque, il faut tenir compte de cette pensée troublante : c’est que toutes les époques qui ont créé quelque chose ont montré un vandalisme enragé, un mépris absolu de tout ce qui avait été fait avant elles… Paris, au moyen âge, était plein de monuments romains qui ont été jetés à bas ; les XVIIe et XVIIIe siècles ont activement saboté ces cathédrales, dont la Grande Mademoiselle disait : « Rouen serait une belle ville, si les monuments n’en étaient construits sur un plan gothique et barbare… » Qui sait ! peut-être la postérité entourera-t-elle de vénération la gare d’Orsay, le Petit Palais, et les maisons aux tarabiscotages 1900…

— Et peut-être un jour, parmi des démolitions faites avenue Constant-Coquelin — malgré les protestations des archéologues — découvrira-t-on avec attendrissement une grille d’ascenseur figurant une vigne vierge de bronze… un soubassement de bow-window sculpté d’une frise de petites grenouilles sur des feuilles de nénufar… Oui, disons-nous cela pour nous consoler, et constater une fois de plus que nous avons raison de créer tout ce qui nous vient à l’esprit, sans nous hypnotiser surtout à copier le passé… Mais l’idéal ne serait-il pas de créer à côté du passé, sans le détruire pour cela ?