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garnissent le milieu de la salle ; et il s’écoule un temps qui me paraît fort long, tandis que mon regard flotte, sans rien voir, sur les peintures accrochées contre les « épines »…

Un officier en kaki, le dolman ponctué de rubans multicolores, se dirige sur moi d’un pas vif, la main tendue. Je vais à sa rencontre, avec un sourire jovial et un stupide battement de cœur.

« Comment, c’est vous Mademoiselle Thyra !… Ah ! bien, en voilà une surprise !… Toujours la même ; vous êtes étonnante ! Alors, vous n’êtes plus en Norvège ? Qu’est-ce que vous faites à Paris ? »

Tandis que je tâche de répondre clairement à toutes les questions qu’il entasse pêle-mêle, je le saisis, à la dérobée, d’un regard hâtif. Oui, il est bien pareil à son image de Fémina, et beaucoup mieux, certainement, que le Barral d’autrefois… Il me félicite de mes ouvrages sur la peinture — qu’il n’a pas lus, — mais sa phrase qui m’a été le plus sensible, c’est lorsqu’il m’a dit que je n’avais pas changé…

Nous piétinons sur place, bousculés par le va-et-vient des exposants, et interrompus par les incessantes interrogations qu’on jette à Barral. Celui-ci, d’un geste un peu sec, consulte son bracelet-montre :

« Écoutez, chère amie, la galerie ferme dans dix