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sonne ressemblant à Barral. Alors, je me décide brusquement à franchir le couloir d’entrée et me trouve dans une vaste salle rouge sombre, où des hommes en redingotes ou en tenues militaires flânent, s’interpellent, éclatent de rire, fument des cigarettes, et ont l’air de ne faire absolument rien. La bonne moitié des tableaux est encore par terre le long des murs. Je croyais être arrêtée dès l’entrée, mais pas du tout ; une aimable anarchie règne en ce lieu. Enfin, j’avise un gardien et lui demande si je pourrais voir M. Barral.

« M’sieur Barral ? je vais justement lui parler ; il est dans sa salle, là, au fond, à gauche…

— Ah !… eh bien… Est-ce que vous ne pourriez pas lui remettre ce petit mot ? »

Prise d’une soudaine timidité, à l’idée d’aller me faire reconnaître de but en blanc, je griffonne sur ma carte de visite un mot d’explication assez incohérent, et la tends à l’homme en blouse qui disparaît derrière une grande portière de velours rouge. Il revient quelques secondes après :

« M’sieur Barral a dit qu’il serait bien content de revoir cette dame ; si vous voulez bien vous asseoir et l’attendre une minute… »

Je me laisse tomber sur un des vastes divans qui