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— Ah ! bon ; il aurait voulu que je sois sa maîtresse.

— Ça, encore moins, par exemple ! vous l’intimidiez tant ! Non… il était amoureux de vous ; voilà tout… »

La voix d’Estelle, qui suit notre conversation, crie du fond de son réduit : « Mais, dites donc, M’sieur Cardoc, vous ne vous rappelez pas qu’avant-hier je vous ai rapporté un numéro de Fémina où il y avait le portrait de Marcel Barral et tout un topo sur lui ; ça intéresserait peut-être Madame… Où donc est-il, ce journal ? ah ! oui ; dans la caisse aux vieux papiers… »

La jeune femme réapparaît, les manches retroussées, tenant un magazine froissé, qu’elle ouvre devant moi… Je m’en empare. Comment, c’est lui, ce gringalet de Barral ! J’ai devant moi le buste d’un commandant, robuste, large d’épaules, au visage rasé, accusant des traits toujours fins, mais coupés plus nets, me semble-t-il ; le menton décidé, l’œil vif et bien enchâssé ; la bouche sinueuse dessinant toujours le léger sourire railleur, pointé d’une fossette… ce sourire derrière lequel il y avait de l’émotion et de la générosité, paraît-il… Avec une bizarre sensation de chaleur aux joues, je lis l’article… En termes outrés, on parle du