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demeure ma belle-mère du côté de Senlis ; elle en loue une partie, quelquefois, à des Parisiens ; je viendrais vous rejoindre en juillet, et on ferait la popote tous ensemble. » Ils vont donc s’installer tous, dans cette maison qui était très gentille, en plein bois ; Dreyer, Cardoc, ma sœur qui lui posait le nu en plein air, le mari de ma sœur, qui est employé chez Roblot (lui, venait seulement passer le dimanche), et puis la vieille maman qui faisait la cuisine. Voilà que la guerre commence à se mitonner. Le Boche file un beau jour, sans prévenir personne ; on a su depuis qu’il était sous-lieutenant de réserve. Dame, je comprends qu’il ait rejoint son régiment ; mais quand on est poli, on s’excuse… on ne s’en va pas comme un voyou. Enfin ! Mon beau-frère part le 4 août. Sa mère prend le trac quand elle voit que ça commençait à se gâter, et elle revient à Paris. Cardoc, lui, ne veut rien savoir pour partir ; il avait commencé une étude d’une maison Louis XIV sous des noyers… elle est même très bien… alors, il a voulu rester pour la finir. Ma sœur s’est dit qu’on ne pouvait pas le laisser tout seul, dans la maison abandonnée aux troupes ; et elle est restée avec lui. »

Elle s’arrête brusquement.

« Est-ce que les Allemands sont venus par là ?