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lier de photographe. Sa compagne l’aidait souvent ; aussi, quand il fut mobilisé, elle reprit son atelier pour garder la clientèle, et fit de nombreuses effigies d’employés du métro ou de commis de chez Potin sous le harnachement guerrier. L’ « ami » est mort dans l’Argonne…

« C’est de lui que vous êtes en deuil ?

— De lui, et puis de ma sœur, qui était modèle aussi. C’est par elle que j’ai connu Cardoc. Il lui avait Joué la moitié d’une petite maison de campagne, entre Creil et Senlis, pour passer l’été…

— Comment ! Cardoc fait des villégiatures d’été, à présent ?

— Ah ! c’est encore une histoire, ça… Figurez-vous que, voilà quatre ans, il s’était toqué d’un sculpteur boche ; un garçon dans les trente ans, purée comme un chien des rues, qui collait chez lui sans plus se gêner que s’il était chez le bistro… Une fois, Cardoc dit à ma sœur pendant qu’elle posait ici : « Voilà les chaleurs qui viennent ; ça m’ennuie pour ce pauvre Dreyer qui est anémique ; il lui faudrait l’air de la campagne… Tu ne connaîtrais pas une taule pas chère, aux environs de Paris, où on pourrait aller passer l’été tous les deux ? ça me distrairait aussi… » Elle lui dit : « Si, justement ; il y a la boîte où