Page:Suzanne de Callias La malle au camphre 1919.djvu/151

Cette page n’a pas encore été corrigée
— 141 —

de la maison ; alors, c’est embêtant parce qu’on entend du raffut tous les soirs… ils jouent des scènes qu’ils appellent des sketchs ; des pantomimes, des chansons… et puis après on enlève les chaises et on danse la java, enfin des imbécillités pour les ballots du quartier Pigalle ; parce que ceux de par ici ne se dérangent pas…

— C’est tout de même malheureux, ce raccrochage des bastringues qui, du boulevard extérieur, a grimpé jusqu’au sommet de la Butte…

— Ah ! oui, si vous aviez connu tout ça il y a quinze ou vingt ans, comme moi ! je posais chez Willette dans ce temps-là, j’étais gamine… Parce que c’était mon métier, à moi, d’être modèle ; j’ai commencé aux Beaux-Arts… J’ai connu du monde intéressant, Catulle Mendès, et puis Salis… et puis, de Feure qu’on rencontrait à l’Âne Rouge ; il avait une rude imagination, celui-là… Il y a eu, après, Jehan Rictus, qui m’a montré ses premiers vers ; beaucoup de chiqué là-dedans, c’est certain, mais il a trouvé des phrases bien, tout de même… »

Un silence. Je contemple cette gringalette à la voix faubourienne qui analyse les romans de Tolstoï et les peinture de de Feure ; et je pense immédiatement au conducteur de l’omnibus Vaugirard-les Halles, qui