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à l’électricité qui, naguère, étaient réservées aux luxueux appartements des Champs-Elysées. Ainsi, évidemment, il n’y a plus de jaloux. Ça me fait un peu penser aux banquettes du métro, où l’on voit une ouvrière en caraco assise à côté d’une pseudo-dame qui va faire des visites avec un chapeau à plumes de 12 francs et une fourrure en imitation de zibeline…

Heureusement, voici la rue des Gobelins, qui n’a pas honte de sa pouillerie, et la cour au fond de laquelle s’élève ce joli petit Château de la Reine Blanche qui élance toujours ses tours hautaines de seigneur provincial entouré de rustres. Mais je ne retrouverai pas Cardoc ; et c’est une déception. Pauvre artiste, si fin, si original, d’un talent si aristocratiquement simple ! a-t-il définitivement sombré dans la fosse commune des grandes villes, où dorment tant de purs et glorieux anonymats, sous la marée envahissante des herbes insolemment parasites ?… Il doit bien avoir une soixantaine d’années, à présent ; peut-être, d’ailleurs, est-il mort…