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histoire ; il y a là un canapé où l’on n’est pas mal…

— Alors, voilà comment le gros poupard à qui je faisais faire « à cheval mon maître » est devenu un de ces héros dont nous devrions baiser la trace des chaussures…

— De la chaussure ! je n’en ai qu’une, et ce n’est même pas une économie ; ces sales marchands ne les vendent que par paires. Mais vous savez que nous sommes quelques-uns qui ont été amochés dans ce goût-là… pas ici : il n’y a que des métèques ! Car, chose délicieuse et bien française, les Parisiens se sont fait mettre en marmelade pour ensuite, dès le retour à domicile, recommencer à nourrir un tas de déserteurs Russes, de Grecs, Chinois, etc., qui, pendant que nous trimions sur la Marne ou l’Yser, se chauffaient les semelles à Paris, en fumant leurs pipes et en nous déclarant une nation pourrie !…

— Hé Rousset ! veux-tu venir nous accompagner un petit Reynaldo Hahn ?

— Oui, oui… Vous permettez, Madame ? il y a les bolcheviks, par là, qui demandent de la musique… »

À mesure que la soirée s’avance (on a droit au feu et à la lumière jusqu’à 11 heures), je suis des yeux l’étrange garçon, qui commence sur le piano des phrases de César Franck ou de Glazounow et les