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décoratif… Et votre cousin Lucien, au fait ? qu’est-ce qu’il devient ?

— Lucien ? mais il est ici ! Regardez, au fond de la pièce… »

Elle me montre, dans un angle un peu obscur, un beau jeune homme aux cheveux divisés en courts bandeaux, dont je ne vois que le profil. Oui, c’est bien le joli Faune de Debussy… Il est pelotonné dans un fauteuil et se polit les ongles. Devant lui, une jeune femme lui demande son polissoir, sans aucun succès. J’entends qu’il lui répond : « Non ! mais qu’est-ce que tu veux en faire, avec tes pattes de blanchisseuse ?… » Elle rit — évidemment furieuse — et recommence à l’asticoter, avec des poses de gravure de mode.

« Voulez-vous que je vous le présente, Madame ?

— Tout à l’heure ; laissez-le flirter… Je vois un piano ; est-ce qu’on fait de la musique ?

— Quelquefois ; nous avons deux violonistes excellents, un violoncelle des Concerts Rouge et une pianiste de la Schola ; alors, on organise des séances de musique classique, et ces jours-là le dîner est à quarante sous ; seulement, les exécutants ne payent pas le leur.

— C’est une bonne idée, ça ! Oui… la solidarité