de mon ancien quartier ; seulement, si les femmes
sont jeunes, les hommes ont plutôt la barbe grise,
sauf trois ou quatre à type étranger. Le grand gaillard
en manches de chemise (le maître de céans) sort
d’un réduit obscur, toujours
sa pipe à la bouche, tenant
par l’anse une grosse marmite
fumante. Il crie : « Eh bien !
à table les enfants ! Charlette,
voulez-vous venir me passer
les assiettes ? » je me retourne
vivement, et aperçois une longue
jeune fille brune aux nattes
en colimaçons, qui apporte au
grand barbu des assiettes pour
la distribution de la soupe.
Bientôt elle s’asseoit, presque en face de moi, et
mange tranquillement, tandis qu’un petit modèle aux
yeux cernés de khol se charge d’aller chercher le plat
suivant : un bœuf aux oignons et aux carottes qui
n’est vraiment pas mal cuisiné.
Je contemple Charlette pendant quelque temps. Elle ne me rappelle que bien vaguement l’enfant de trois ans, si drôlichonne dans sa courte jupe drapée en « pouf », qui promenait à travers la cité un ballon