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étaiL une « tournure » ; et enfin le fameux costume fait par Mme Rousset, de barège mastic avec une lourde jupe drapée sur le derrière… Dieu, qu’il est effroyable ; et que je le trouvais joli !… Puis, tout au fond, voici mes notes prises à l’école du Louvre ; puis, un programme du Chat-Noir, dessiné par un camarade de Barral, — qui est de l’Institut à présent, — puis une broderie commencée dans l’atelier des Rousset : un plastron fait sur un modèle breton (la mode de ce moment-là) où de grosses roues dorées se détachent sur un épais drap rouge sombre… tout cela est intact et encore vif de couleur, au milieu du camphre odorant pareil à de petits morceaux de gel dépoli…

Et, sous un calendrier de 1891, je ramasse ce carnet cartonné vert olive, où ma défunte vie se remet soudain à me parler, par les mille petites bouches de ses caractères pâlis, dans le silence éloquent des objets, fantômes ressuscités du passé lointain…