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dômes en coquetiers et mosaïques genre Alhambra… Le numéro que je cherche est au bout de la rue de Bagneux ; c’est une vieille maison noire, enjolivée de délicates sculptures Louis xv. Mme Mouton est sortie ; mais « sa demoiselle » va nie recevoir.

Je me trouve alors en face d’une jeune fille d’environ vingt ans, délurée, aux traits indécis et troussés à la hâte de vraie petite Parisienne. Non, réellement, cette race n’est pas une race « latine ». Elle serait moins remuante, et aurait les traits plus réguliers.

La petite bonne femme me reçoit avec une aisance parfaite, et se récrie d’étonnement quand je lui explique qui je suis.

« Comment, c’est vous Mademoiselle Thyra ! Oh ! je vous connais ; mère m’a parlé de vous… vous faisiez son admiration. Elle me disait toujours : La locataire norvégienne que nous avions ; cette jeune fille qui était venue toute seule à Paris… qui savait toutes les langues… qui jouait du Wagner…

… Mais nous avons encore votre photo dans l’album ; tenez, vous allez voir… »

Elle se précipite à plat ventre devant un chiffonnier de Boule, farfouille activement dessous, et n’en ramène qu’un peu de poussière, en petits paquets de ouate grise.