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ne fournissais que Mme Bol. Elle était déjà décédée quand on a démoli la cité pour bâtir les maisons d’en face. Sa demoiselle a épousé un percepteur en retraite ; un veuf qui avait une petite fille. Je crois que c’est Mme Lebœuf qu’elle s’appelle à présent.

— Est-ce que vous savez où elle demeure ?

— Ma foi, non… Ah ! au fait, il paraît qu’elle est de l’Association des Mères Chrétiennes, de la paroisse ; et j’ai là le bulletin. C’est une chance ; vous allez avoir son adresse tout de suite. »

La grosse femme fouille dans son tiroir et en extrait une mince brochure qu’elle se met à feuilleter.

« Trésorière : Mme Mouton… tiens, oui ! je me rappelle, c’est Mouton, son nom. Rue de Bagneux, no 35.

— Merci, Madame. »

Au petit bonheur de mes anciens souvenirs, je me dirige vers la rue de Bagneux, qui ne rappelle plus en rien celle d’antan, où stationnaient des charrettes à foin, tandis que des poules picoraient sur un pavé de village. Ce qui achève de me dérouter dans la topographie du lieu, c’est la disparition totale des jardins qui le couvraient jadis, et l’intrusion d’un rutilant Potin, arborant une architecture « 1900 » à