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foot-ball pour détenir une éclatante supériorité dans le terrible sport de la guerre…

Dès le lendemain — c’est-à-dire hier — me voici dans le Nord-Sud, direction Montparnasse. Trajet invraisemblablement court, quand on le compare aux trimbalements sans fin qu’il fallait affronter, de mon temps, pour aller au fond de cette lointaine Rive Gauche qui était alors une autre ville… Qu’allais-je y trouver, à présent ? Une petite émotion me pince le cœur tandis que je file — trop vite — à travers ces longs sous-sols de porcelaine blanche, ces gares-joujoux, sentant une sorte de sel aromatique, pas désagréable. Sèvres-Croix-Rouge ! Y a-t-il toujours là-haut ce vaste parc des Dames Saint-Thomas de Villeneuve, et surtout cette mystérieuse Abbaye-au-Bois, dont j’admirais tant, au passage, la petite forêt toute bruissante d’oiseaux, derrière des murs qui me la dérobaient à mi-hauteur ?… Voici maintenant la station où je dois sans doute descendre pour me trouver dans mon ancien quartier. Je descends — ou plutôt je monte — à la surface terrestre, absolument désorientée. J’appelle successivement deux sergents de ville et un marchand de marrons à la rescousse. Il faut tourner à gauche dans le boulevard Raspail… Le boulevard Raspail ! quand je l’ai quitté, c’était