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En juillet 1914, les vacances m’amenèrent dans une vieille petite ville du pays de Galles ; une ville qui se tasse entre des falaises rocheuses, devant la mer glaciale où l’on se baigne intrépidement. Des rues qui dégringolent à pic et s’entre-croisent, farouches et sombres, avec leurs étroites maisons à profils convexes, toutes croisillonnées de bois, et dont les plus pauvres sont toujours pourvues de l’ancestral bow-window sans lequel l’Anglais ne saurait vivre ; un petit port de pêche qui sent le goudron et le phénol ; puis, une plage où s’alignent des marchands de moules, d’huîtres et de portraits du roi sur émail, ainsi que l’effarant guignol anglais « Punch and Judy » qui ferait si peur aux enfants des Champs-Élysées. Et au-dessus de tout cela, le « Castle » : un informe château du xiie siècle, pareil à un gros pachyderme gris qu’on ne distinguerait guère des rochers sur lequel il est couché. Dans le petit boarding où je logeais, des propos soucieux se mêlaient peu à peu aux habituelles conversations pour pensions anglaises, meublées surtout d’observations météorolo-