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et douillettes, dans mon parloir à bow-window, tendu de papier vert pois et meublé d’acajou, avec des angles remplis de coussins et des bibliothèques ingénieuses ; ces belles bibliothèques anglaises offrant des livres aux couvertures charmantes, dans lesquelles il y a souvent d’assommantes poésies ou des romans fades comme de l’eau. Une fois par semaine, j’allais à mon « college » ; une bâtisse toute neuve, mais imitant exactement les tours, créneaux et cloîtres intérieurs des antiques universités de la ville, et déjà dotée d’un parc où s’étendait l’ombre séculaire de ces arbres géants, qui sont la gloire du sol britannique.

Si le travail occupe une certaine partie de la vie de collège en Angleterre, les fêtes y occupent une place bien plus grande encore. Je me rappelle d’innombrables manifestations sportives ; des banquets servis sur de longues tables très fleuries, étincelantes de bibelots métalliques, où l’on mangeait force mouton sauce à la menthe, saumon, insapides gelées roses baignant dans des sauces jaunes, et à la fin desquels résonnait, après les toasts au roi et à la reine, le mélancolique Auld Lang Syne, qu’on chante les mains entrelacées, en trépignant une espèce de ronde sur place, — et puis, la fête de mai ; et le Trafalgar Day ;