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HISTOIRE DES CANADIENS-FRANÇAIS

compliments et mes bons souvenirs, au cas où il voudrait bien les accepter. C’est seulement après son départ d’Irlande que j’ai appris le passage de M. Papineau, sans cela j’aurais fait un effort pour avoir le plaisir de le revoir. »

Nous pourrions écrire des volumes sur les commencements des troubles de 1837, mais il est impossible d’en dire plus long que lord Gosford et M. Elliott, dans les lettres qui viennent d’être citées. Les mouvements des partis y sont décrits avec précision. Dès 1835 le groupe Canadien du district de Montréal était lancé dans la voie de la résistance coûte que coûte ; ses adversaires, les « constitutionnels, » devenaient féroces ; les Québécois se refroidissaient sensiblement, et c’était bien heureux pour nous puisque, à la suite des troubles, l’Angleterre se rapprocha des Canadiens par l’entremise de ce parti.

Un Français qui écrivait alors dans les journaux de Québec, M. Narcisse Aubin, disait, en 1838 : « Le plus dangereux ennemi qu’aient les Canadiens est sans contredit Andrew Stuart. Je dis le plus dangereux parce qu’il est le plus recommandable par sa position, le plus respecté à cause de ses talents, de son esprit ordinairement droit, et à cause du poids que doivent avoir des conseils donnés par un homme habile, profond et honnête. Andrew Stuart formait autrefois, avec messieurs J. Neilson, Duval. Cuvillier et autres, la brillante phalange du parti populaire ; soit qu’il ait abandonné ce parti ou que celui-ci l’ait abandonné, toujours est-il vrai que ce fut une perte d’autant plus vive que ses efforts sont aussi constants aujourd’hui qu’ils l’étaient alors, dans la marche contraire. Si quelque chose peut excuser ou expliquer sa déviation en lui laissant son caractère, c’est son ralliement au parti de sa propre origine. »