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HISTOIRE DES CANADIENS-FRANÇAIS

ment. Ces travaux étaient à peine commencés lorsque M. de Villebon mourut (juillet 1700) et que M. de Brouillan arriva comme gouverneur (20 juin 1701) ; l’année suivante éclatait la guerre dite de la succession d’Espagne. Avec toute la diligence possible, l’Acadie ne pouvait être mise en état de défense, car ses forts, qui n’avaient jamais valu grande chose, tombaient en ruine, à la suite de trois ou quatre années de paix.

Jacques Brouillan, né en 1655, était capitaine au détachement des troupes de la marine entretenues en Canada, lorsqu’il fut baptisé, à Québec, le 27 décembre 1687. De 1690 à 1700 il commanda à Plaisance, île de Terreneuve. Dans la campagne de 1696 où lui et d’Iberville prirent et rasèrent Saint-Jean de Terreneuve, il se brouilla quatre fois avec d’Iberville et quatre fois se raccommoda malgré lui. Il fut fait chevalier en 1698. Sous son gouvernement, en Acadie, on voit figurer les officiers dont les noms suivent : Villieu, major, Denys de Bonaventure, lieutenant du roi ; les capitaines de Gannes de Falaise, De le Boularderie, De Chacornade et Dupont-Duvivier ; les lieutenants Clément de Montainville, de Gannes de Falaise et Saint-Pierre ; les enseignes Neuvillette, De Teinville et l’ingénieur Lobat.

Une première attaque des Anglais sur Pentagoët fut repoussée (1703) par Saint-Castin et Alexandre de Beaubassin, fils de M. de la Vallière. Peu après, Saint-Castin s’empara de Casco. Vers l’automne de 1704, une croisière, partie de Boston pour venger le massacre de Deerfield, détruisit Pentagoët, inquiéta les Mines et opéra quelques déprédations à Beaubassin. Trois années s’écoulèrent dans l’expectative d’une invasion en règle.

Les quatre dernières seigneuries concédées en Acadie sont de 1703 et 1707. Cette première année, Thomas Lefebvre, interprète de langue abénaquise, reçut l’endroit appelé Koucsanouskek, au bord de la mer, au nord de la pointe de Meniekec du côté de la rivière Saint-George. En 1707, Charles Morin concéda l’entrée de la rivière des Loups-Marins (en sauvage Pippe Chosseke) qui sort de la Ristigouche — ce fief devait se nommer Cloridan. Pierre Haimard, marchand de Québec, eut la pointe de Passepibiat, dans la baie des Chaleurs. Le capitaine de Villieu, prit l’espace qui se trouve entre le cap le plus proche de la baie de Chipeoudy au nord-est, en descendant au sud-ouest, l’île aux Meules comprise.

En 1707, Port-Royal renfermait cinq cent cinquante-quatre âmes ; les Mines six cent vingt-huit ; Beaubassin deux cent soixante-et-dix ; Chipody cinquante-cinq, et on en comptait trois cents répandues dans les autres seigneuries. Ceci ne comprend pas les Sauvages. Les fusils appartenant aux colons ne dépassaient pas deux cents. Trois cent cinquante hommes au plus étaient d’âge à porter les armes. Les Sauvages amis, très réduits en nombre et dispersés sur de vastes territoires, étaient, au dire de M. de Brouillan, difficiles à rassembler.

M. de Brouillan, passé en France l’hiver de 1704, avait laissé le commandement de l’Acadie à Denys de Bonaventure, qui eut pour successeur M. de Subercase, l’automne de 1705. Daniel d’Auger de Subercase, officier au régiment de Bretagne, était arrivé en Canada l’année 1687 ; en 1688-9, il commandait le camp volant de Lachine ; en 1690, il servait à l’île d’Orléans ; en 1693, il était garde-magasin ; 1694 nommé major ; 1696