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HISTOIRE DES CANADIENS-FRANÇAIS

bornerons à en résumer la suite, parce qu’elle ne fournit pas de nouvelle lumière sur l’état du pays des Sioux. Il y eut de nombreuses assemblées pour savoir s’il serait opportun de brûler les captifs. Les Renards firent leur apparition et, naturellement, compliquèrent les choses. Cependant le père Guignas et M. de Boucherville gagnèrent si bien la confiance des Kikapous et des Maskoutins qu’ils finirent par les détacher des Renards et les engager à demander la paix aux Français. À la fin de décembre, étant rendus chez les Péoarias, dans la rivière Illinois, à vingt lieues du Mississipi, le père Guignas réussit à faire parvenir des lettres au sieur Henri Desliettes de Tonty[1] qui commandait un poste français à quatre journées de là. Le 15 mars 1729, M. de Boucherville et le père Guignas se trouvaient réunis au fort de Chartres, près de Kaskaskias, et la paix se conclut en présence de M. de Saint-Ange, commandant. Devenu libre, de Boucherville partit des Illinois, le 2 mai, et, passant par le Détroit, atteignit Montréal, où paraît avoir été signé le certificat suivant mis au bas de la Relation. « Nous, soussignés, témoins de tout ce qui est mentionné dans cette Relation, certifions qu’elle est juste et véritable, et que nous devons la vie à l’auteur, par ses travaux, fatigues et expérience. En foi de quoi nous avons signé : — Campeau, forgeron ; Ménard, interprète ; Dumais, capitaine de milice ; Réaume, interprète ; Boiselle, voyageur. »

On distingue deux sortes de Sioux, écrit M. de Boucherville, à savoir « les Sioux des Prairies et les Sioux des Rivières, qui se servent de canots d’écorce très petits et commodes pour les fréquents portages qu’ils ont à faire… Les Sioux sont fort nombreux. Ils ont dix villages fort éloignés les uns des autres… Quoiqu’ils n’aient que depuis peu l’usage du fusil, ils s’en servent parfaitement bien… Le plus beau chemin que l’on puisse prendre pour aller aux Sioux c’est de passer par la Baie,[2] par la rivière des Renards, ensuite on fait le portage des Ouisconsins et l’on entre dans le Mississipi, qu’on remonte jusqu’au lac Pépin, où nous avons bâti notre fort. De Montréal aux Sioux, il n’y a pas plus de six cents lieues. En descendant des Sioux aux Illinois, sur le Mississipi, je compte environ trois cents lieues et des Illinois à la mer quatre cents… En remontant ce fleuve depuis l’embouchure de l’Ouisconsin jusqu’au saut Saint-Antoine, il y a cent lieues. On compte parmi les Kikapous environ deux cents hommes ; et six cents hommes dans les trois villages Illinois. Il y a deux établissements français fort considérables ; on y compte près de deux cents Français, les uns mariés avec des Illinoises, d’autres avec des Françaises de la Nouvelle-Orléans. Ils vendent des farines et du lard, du côté de la mer,[3] et ils en remportent des marchandises. ”

En bref, la guerre des Renards était une affaire à recommencer : lorsqu’elle fut entreprise, quelques années plus tard et menée à bonne fin, La Verendrye était rendu, par la route du nord, au centre de la province actuelle de Manitoba.

Le 30 avril 1729 M. Silly écrit au ministre : « M. le général doit vous informer que onze Français et le père Guignasse, jésuite, étant partis du fort Pépin pour descendre le fleuve

  1. Né à Montréal le 13 mai 1697.
  2. La baie Verte du lac Michigan.
  3. Le golfe du Mexique.