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fabrication européenne avait servi au commencement d’alliance qui nous permettait de remonter l’Ottawa et de visiter la baie Georgienne, mais il s’en fallait de beaucoup que nous fussions à l’aise sur ces territoires. Cela, du reste, se passait au moment où les colons anglais, débarqués en même temps que nous sur les plages de l’Atlantique, n’avaient pas encore osé se risquer à dix arpents de leurs cambuses. Nous avions déjà franchi des centaines de lieues de pays et attiré la traite, en larges proportions, dans la vallée du Saint Laurent. Les interprètes, les « voyageurs, » selon le mot consacré, se refusaient à quitter leur conquête ou à y introduire les Anglais. Ils ne craignaient pas de retourner au fond des bois reprendre la vie d’aventure et s’appliquer plus que jamais à agrandir l’influence du nom français vers l’ouest. Sans pouvoir compter avec certitude sur le retour du drapeau blanc à Québec, ils se mirent en travers des projets que les marchands anglais auraient pu concevoir de se répandre de ce côté. Ainsi, pour compenser efficacement les fautes d’une administration mal éclairée, cinq ou six pauvres hommes du