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mettre l’esprit public sur la bonne voie à notre égard. Qui ne dit mot consent, selon le proverbe. Un si profond silence devait servir à nous confondre. C’est ce qui est arrivé.

Nous avons vu dans leur cabinet d’étude des savants de grande réputation, des savants qui sont décorés, payés, honorés, révérés et qui, en somme, sont aussi peu clairvoyants que les petits crevés de tout à l’heure.

Nous savons comment ils raisonnent sous le linon vert de leur abat jour, pour parvenir à prouver que nous sommes des Sauvages. Les uns disent blanc, les autres disent noir, au commencement, — ce qui ne les empêche pas de s’accorder en fin de compte. Ils s’accordent si bien que, après avoir lu leurs livres, on se dit avec un certain embarras dans l’esprit : « Serait-il possible que nous fussions dégénérés ? On le prouve, hélas ! Voilà des arguments irrésistibles — c’est un enchaînement de raisons qui ne supportent pas l’ombre du doute ; c’est serré, profond, pensé, médité, travaillé, savant, pour tout dire, — cela doit porter la