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dans l’éternité



Comme l’abeille aux fleurs emprunte leur arôme,
Et, charmeuse exquise à son tour,
Change en durable miel la sève qui l’embaume,
De mon sang épuisé survivra chaque atome
Tout imprégné de mon amour ;

La forme en vain retourne au néant qui l’appelle,
La matière et l’âme ont pour loi
De fournir à l’amour une proie éternelle :
Oui, sous les vents, la pluie et les sourds coups de pelle,
Ma cendre frémira pour toi !