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des veines d’azur sillonnent cette peau délicate et rosée.

— Mon Dieu, pardon ! pardon ! dit-elle, et elle se jeta à genoux sur la pierre.

Quelque temps après, elle se releva les joues pourpres, les prunelles étincelantes :

— Fuis,… fuis,… dangereux souvenir ! s’écria-t-elle en se précipitant à la fenêtre. Oh ! de l’air, de l’air, je brûle ! Oh ! je veux voir le soleil, les arbres, les montagnes, cette fête, ces danses. Oui, je veux voir cette fête, être absorbée tout entière par ce spectacle bruyant. Heureux !… heureux sont-ils ! Bravo ! jeune fille ; quelle légèreté ! quelle grâce ! que j’aime la couleur de ta basquine et les tresses de ton réseau ! Que j’aime cette fleur bleue dans tes cheveux blonds ! Mais tu te rapproches de ton danseur… Il est beau, ses yeux se fixent sur les tiens avec amour. Lui aussi avait un doux regard, mais…

Et elle cacha sa tête dans ses mains, et elle se tut ; car son cœur battait d’une force à rompre sa poitrine. Puis, reprenant et parlant avec vitesse, comme si elle eût voulu échapper à un souvenir qui l’oppressait :

— Comme le soleil se couche radieux et brillant ! Jésus ! quel beau nuage de pourpre aux