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— Merci, mon père. Et il s’éloigna.

En ce moment, le Bohémien était descendu de son cheval, et restait absorbé dans ses réflexions, tandis que ses noirs finissaient le débarquement. Son fidèle Iskar se jouait sur la grève et baignait sa longue crinière, lorsque tout à coup il bondit et poussa un hennissement qui fit brusquement retourner son maître et le tira de sa rêverie.

À ce moment, le couteau du marin était levé sur la poitrine du Gitano : ce dernier saisit l’assassin à la gorge avec tant de promptitude et de force, qu’il ne put jeter un cri. Le couteau lui tomba des mains ; ses yeux roulèrent dans leur orbite et ses doigts se raidirent ; puis, peu à peu, ils s’assouplirent ; ses bras s’allongèrent le long de son corps, ses jambes s’affaiblirent, et il tomba étranglé. Ses compagnons crurent qu’on retournait un ballot.

— À genoux ! mes fils, dit le moine aux contrebandiers. Ils s’agenouillèrent, moins le philosophe, qui regardait la lune en sifflant l’air de la Tragala.

Alors le moine, armé d’un goupillon, s’approcha des ballots et en fit le tour, en disant : — Arrière, Satan, arrière ! et que ce signe de