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de la tartane, et abaissant son vol audacieux, prendre terre à côté du damné, qui le débarrassa officieusement des sangles et des cordages dont on avait entouré ce nouvel Icare.

En voyant l’ascension du moine, les contrebandiers, qui attendaient sur la grève, avaient crié gloria in excelsis, et s’étaient agenouillés, croyant que c’était un miracle ; mais le philosophe rit beaucoup de leur simplicité.

Quand le nouvel Icare fut debout, il toisa le Gitano de l’air le plus digne et le plus méprisant qui lui fût possible, à peu près comme un martyr regarde son bourreau.

Le Gitano. — Excusez-moi, mon père, si je vous ai fait aider à monter ; mais ces honnêtes contrebandiers attendent impatiemment que vous exerciez votre saint ministère.

Et il lui montra le groupe, qui observait attentivement ce qui se passait à bord.

Le moine. — De combien de charité chrétienne faut-il que je sois doué pour consentir à passer des jours entiers avec un apostat, un réprouvé de ton espèce, et tout cela pour épurer tout ce que ton hérétique et satanique contact a souillé ! afin que des chrétiens puissent se servir de ces marchandises sans redouter la colère du ciel !