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maudit avec sa toque et sa plume blanche.

Une voix. — Où est donc le frère ?

Une autre. — Si le frère n’est pas présent, pas un réal de ces marchandises n’entrera dans mes coffres. Dieu me sauve ! mais le supérieur du couvent de San-Juan a bien tort d’employer un pareil mécréant pour débarquer sa contrebande ; et quoiqu’il y ait un moine pour la bénir et effacer les traces des griffes de Satan, m’est avis que tôt ou tard nous serons punis de nos trafics avec un excommunié. — Amen !

Le chef. — Et crois-tu que je ne craigne pas comme toi la colère de la sainte Vierge, en touchant des marchandises qui, par saint Jacques ! sentent plutôt le soufre que le buis béni.

Un philosophe, qui avait été cuisinier d’un cortès. — Mais songez donc, compère, songez donc que dans toutes les tiendas de la route on vous les échangera contre de bons quadruples sans flairer si elles sentent le soufre ou le béni.

Le chef. — Tais-toi, impie !

Le philosophe. — Et c’est vrai, après tout, ce ne sont pas les simagrées du révérend qui ôteront l’odeur, si odeur il y a ; qu’il me les donne endiablées, mais à meilleur marché, et moi j’en fais mon affaire ; car mon avis serait…