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zaine d’Espagnols aussi à cheval, qui s’avancèrent avec précaution au milieu des nombreuses rampes de cette route difficile. Les uns portaient un sombrero, les autres une résille ou un simple mouchoir de couleur tranchante dont les bouts flottaient sur leurs épaules ; mais tous avaient ce teint halé, ces traits durement caractérisés, enfin l’aspect peu rassurant qui distinguent les contrebandiers de terre qui exploitent le littoral de l’Andalousie. Leurs chevaux étaient chargés de deux larges coffres recouverts de toile goudronnée d’une légèreté extraordinaire, mais tellement spacieux, que le cavalier ne pouvait monter que sur la croupe, où il s’asseyait à peu près comme un timballier derrière ses timballes. En outre, des peaux de mouton entouraient les sabots de leurs montures ; de sorte qu’il était impossible de les entendre quand elles marchaient au pas.

Arrivé sur la grève, à deux portées de fusil de la tartane, le chef de cette petite troupe arrêta son cheval, et, se retournant vers ses compagnons :

— Par la châsse de mon patron ! — il ôta son chapeau — mes fils, à la clarté de la lune qui se lève, je ne vois sur le pont du navire que le