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taureau prenait son élan pour fondre sur le cavalier à la plume blanche, qui se retourna, salua la Monja, et lui dit en souriant : — Pour vous, señora, et en l’honneur de vos beaux yeux bleus comme l’azur du ciel.

À peine achevait-il ces mots, que le taureau s’élança… Lui, avec une promptitude merveilleusement servie par la souplesse de son cheval, fit une volte et une pointe, et se trouva à dix pas de son ennemi, qui le poursuivit avec acharnement. Mais, grâce à sa vitesse, le petit cheval le dépassait presqu’en se jouant, et il prit sur lui assez d’avance pour que son maître pût s’arrêter un moment devant la loge de la Monja, en lui disant : — Encore pour vous, señora ; mais cette fois en l’honneur de cette bouche vermeille, purpurine comme le corail de Pervan.

Le taureau arrivait avec furie : l’homme à la plume blanche l’attendit froidement, tira un pistolet de ses arçons, l’ajusta, et l’abattit avec tant d’adresse, qu’il vint tomber en mugissant aux pieds de son cheval. En voyant le danger imminent que courait cet homme singulier, la Monja avait jeté un cri perçant, et s’était précipitée sur la balustrade de sa loge, les deux mains en avant : il en saisit une, y imprima un brû-