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ment ? — Tiens, ne disais-je pas vrai ?… Par l’âme de mon père, le Chulillo est éventré ! — Jésus ! le beau coup de corne ! — C’est sa faute, il ne s’est pas jeté de côté assez à temps. Bravo, taureau ! Que tu es noble et fier, bondissant au milieu de ces flammes qui éclatent et se croisent ! Ton sang se mêle au feu ; ta peau frémit et craque sous les fusées qui serpentent, s’arrondissent en gerbes, et retombent en pluie d’or ; ta rage est à son comble, et les spectateurs ont fui de la première enceinte, craignant que tu ne la franchisses, et pourtant elle a six barres de haut !

— Enfer ! le Matador n’arrive pas ! voici pourtant le moment. En trouvera-t-il un plus désirable ? Jamais ; car jamais la furie de ce compère n’atteindra un plus haut degré, et je parierais ma bonne escopette contre un fusil anglais que le Matador y périra. — Sainte Vierge ! comme il tarde ! fais donc qu’il arrive bientôt.

— Mais c’est lui le voici… : c’est Pepé Ortis.

— Viva Pepé ! viva Pepé Ortis !

— Ah !… il salue Monseigneur le Gouverneur et la Junte, et puis la Monja… Il a ôté son chapeau, et l’on voit pendre sa résille rouge. Bon ! il fait ployer sa large épée à deux tranchans…