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ges où sont brodés les lions des Castilles et la Couronne royale.

— Place, place à la Monja ! car ceci est la première et la dernière fête à laquelle la pauvre jeune fille assistera. Aujourd’hui elle appartient au monde, demain elle appartiendra à Dieu : aussi, aujourd’hui, elle est éblouissante de pierreries, sa robe est toute luisante de paillettes d’argent, et cinq rangs de perles entourent son cou d’albâtre ; encore des perles et des diamans sur ses bras blancs et potelés, encore des perles et des fleurs dans ses beaux cheveux noirs qui ombragent son front pâle. — Voyez, qu’elle est touchante ! comme elle regarde la supérieure du couvent de Santa-Magdalena avec amour et respect ! Il n’y a pas un coup d’œil pour ce spectacle bruyant et animé ; pas un sourire pour ce murmure d’admiration qui la suit ; pour les hommages empressés de la plus haute noblesse de Séville et de Cordoue. Rien ne la peut distraire de ses saintes pensées. Orpheline, riche, on la donne à Dieu et puis à la supérieure de Santa-Magdalena. Ce cœur pur et naïf craint le monde sans le connaître, car on a voulu lui faire gagner le ciel sans combattre. Demain, suivant l’usage, cette épaisse chevelure tombera