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Les tintemens redoublés, de toutes les cloches de l’église de Saint-Jean annonçaient la cérémonie dont nous avons parlé, un service funèbre pour l’âme de feu M. Barbe-Nicolas Kernok, propriétaire à Treheurel. Or, toute la population du canton, dont le digne vieillard était adoré, avait quitté ses travaux pour venir rendre un dernier hommage à son respectable bienfaiteur.

Il fallait voir quelle foule se pressait sous le porche de l’église, et les jeunes filles au corset écarlate brodé de bleu, à la blanche coiffe, et les vieilles femmes avec leurs capes, qui les cachaient, et les hommes avec leur barrette noire, d’où s’échappaient de longs cheveux qui tombaient jusque sur leur large ceinture de cuir, où était passé un large couteau.

Tout cela se heurtait et devisait en attendant que les portes fussent ouvertes.

Bientôt arrivèrent Grain-de-Sel et maître Durand. À leur aspect, toutes les têtes s’inclinèrent ; eux ne répondirent que par un salut protecteur à ces marques de déférence.

Enfin, la porte s’ouvrit ; chacun se rua, se heurta, se coudoya, et chacun fut casé.

Le soleil dardait joyeusement ses rayons dorés à travers les vitraux coloriés de la chapelle,