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et demandaient en faisant d’effroyables bâillemens : — Qu’est-ce qu’il y a donc ?

— Ce qu’il y a, cria Kernok d’une voix de tonnerre, ce qu’il y a, chiens que vous êtes ! un navire de guerre, une corvette anglaise faisant force de voiles pour nous atteindre ;… une corvette qui a sur l’Épervier l’avantage de la brise, car le vent fraîchit là-bas, et il ne nous arrivera qu’avec cet Anglais, que la foudre écrase !

Et tous les yeux se tournaient vers le point que Kernok désignait du bout de sa longue-vue.

— Huit, dix, quinze sabords ! s’écria-t-il, une corvette de trente canons ; c’est gentil, et de l’escadre bleue encore.

Il appela Zéli.

— Écoute, Zéli, il ne s’agit pas ici de lanterner ; fais border les avirons, mettre tout en ordre le plus vite possible ; virons de bord et gagnons le large : l’Épervier n’a pas le bec et les ongles assez durs pour s’amuser à une telle proie.

Puis il emboucha son porte-voix : — Chacun à son poste pour larguer les huniers et les perroquets ! Range à larguer les catacoës et les contre-catacoës, à gréer les bonettes hautes et basses ; et vous, mes garçons, courbez-vous sur vos avirons ; si nous pouvons prendre de l’air, l’É-