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lots qui, courbés sur les longs avirons du brick, doublait la vitesse que lui donnait la brise.

D’autres marins s’armaient précipitamment de sabres et de poignards, et maître Zéli faisait en tous cas disposer les grappins d’abordage.

Kernok, lui, après avoir fait toutes ses dispositions, descendit dans le faux-pont, et enferma Mélie, qui dormait dans son hamac.

On était prêt à bord de l’Épervier : le capitaine du malheureux San-Pablo, reconnaissant le brick de Kernok pour un bâtiment de guerre, tout en gémissant du malheur arrivé à son bord, avait hissé le pavillon anglais, espérant se mettre sous sa protection.

Mais quand il vit la manœuvre de l’Épervier, dont la marche était encore hâtée par de longs avirons, il n’eut plus de doute et comprit qu’il était tombé sous le vent d’un corsaire.

Fuir était impossible. À la faible brise qui soufflait par rafales avait succédé un calme plat, et les avirons du pirate lui donnaient un avantage de marche positif. Il ne fallait plus songer à se défendre. Que pouvaient faire les deux mauvais canons de San-Pablo contre les vingt caronades de l’Épervier, qui ouvraient leurs gueules menaçantes ?