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Ivonne ne répondait pas ; son corps suivait les impulsions que lui donnait Kernok. On ne sentait pas même la résistance que fait éprouver un être animé. On eût dit d’une morte.

Le cœur du pirate battait avec violence. — Parleras-tu ? murmura-t-il ; et il releva violemment la tête d’Ivonne, qui était baissée, appuyée sur sa poitrine.

Elle resta relevée.

Mais son œil était fixe et terne.

Les cheveux de Kernok lui dressaient sur la tête ; ses deux mains en avant, le cou tendu, comme fasciné par ce regard pâle et morne, il écoutait respirant à peine, dominé par une puissance au-dessus de ses forces.

— Kernok, dit enfin la sorcière, d’une voix faible et saccadée, jette, jette ce poignard. Et elle montrait le poignard qui tremblait dans la main de Kernok.

— Jette-le, te dis-je, il y a du sang ; du sang d’elle et de lui !

Et la vieille sourit d’une manière affreuse ; puis mettant le doigt sur son col : — Là… tu l’as frappée,… et pourtant elle vit encore. Mais ce n’est pas du tout… Et le capitaine du négrier ?…

Le poignard tomba aux pieds de Kernok ; il