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dégoûter le défunt capitaine du trafic des nègres, non par philanthropie, non ! mais par un motif bien plus puissant aux yeux d’un homme raisonnable.

— Capitaine, lui disait-il sans cesse, vous faites des avances qui vous rapportent tout au plus trois cents pour cent ; à votre place, moi, maître, je gagnerais autant, et même davantage, sans débourser un sou. Votre brick marche comme une dorade ; armez-le en course, je réponds de l’équipage ; laissez-moi faire, et à chaque prise vous entendrez la chanson du corsaire.

Mais l’éloquence de Kernok n’avait jamais ébranlé la volonté du capitaine, car il savait parfaitement que ceux qui embrassaient cette noble profession finissaient tôt ou tard par se balancer au bout d’une vergue ; aussi l’inexorable capitaine était-il tombé à la mer par accident.

À peine Kernok se vit-il maître du navire, qu’il retourna à Nantes, pour recruter un équipage convenable, armer son bâtiment, et mettre à exécution son projet favori.

Et voyez s’il n’y a pas une providence : à peine arrivé en France, il apprend que l’Angleterre nous a déclaré la guerre ; il obtient une lettre de marque, sort, donne la chasse à un trois-