Page:Sue - Plik et Plok, 1831.djvu/225

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ple et de beaux cachemires venant du Caire et d’Ispahan.

Le juif pâlit, mais répondit néanmoins — C’est la vérité. Que l’ange me touche du doigt si je mens !

— Tu vas donc cette nuit, sans délai, sans fraude, faire charger de ces marchandises une tartane mouillée dans l’anse de Bétim’Sah, sous pavillon danois.

Le juif, qui était agenouillé, se releva comme s’il eût été mordu par une vipère. — Par la ceinture des mages ! tu n’y penses pas, jeune homme ; c’est impossible. Par Balthazar ! les cheveux me dressent sur la tête, rien que d’y songer.

— Infâme juif ! dit l’enfant, crois-tu pas que je veuille ces marchandises pour rien. Tiens, voici de l’or, de l’or encore à acheter tes magasins, et toi-même et ton Rabbin.

— Dieu du ciel ! garde ton or, il m’épouvante. Tu te trompes étrangement sur les motifs de mon refus, jeune homme. Ne sais-je pas que, muni de ce saint emblème, tu pourrais tout exiger de moi, ma fortune et ma vie ; mais ce que tu demandes, le sais-tu ?

Et il joignait ses mains, et son regard, attaché sur Fasillo, exprimait la terreur la plus profonde.