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Et ce disant, il avait appuyé entre les créneaux l’arc puissant qui avait armé le géant, mais le pauvre nain ne put seulement pas faire mouvoir le rude cranequin de l’arme…

Et le chef des routiers, le damné Tortesmains, injuriait toujours par ses gestes le prieur, l’abbaye et les moines.

Tandis que l’abbé gourmandait le nain de ce qu’il osait porter des mains débiles sur une arme si pesante…, un chevalier, vassal du prieuré, d’un bras merveilleusement ferme, saisit l’arbalète que le nain avait disposée sur le créneau ; la corde de fer se tendit, la flèche siffla, atteignit Tortesmains au défaut de son heaume.

Le soir, les archers gallois, effrayés de sa mort, avaient laissé libre toutes les issues de l’abbaye de Sainl-Cutberth.

Et en voyant les dernières lances des routiers briller au soleil couchant, puis bientôt disparaître à l’horizon, le pauvre nain s’applaudit de sa folle et impuissante tentative, car un plus fort que lui avait vaillamment et heureusement réalisé son idée.


Extrait de Deforge le Routier,
hist. du temps de Louis XI.