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néant, en lui mettant sous les yeux le cercueil qui doit recevoir son cadavre, et le bourreau qui doit le délivrer de cette vie de misère et de tribulation.

Le bourreau est aussi retenu dans la rotonde pour un autre motif : il s’agit de le purifier à l’avance de l’homicide qu’il va commettre.

Tout se passait donc dans l’ordre voulu : les cierges brûlaient, les moines chantaient, le bourreau priait, et le cercueil attendait béant.

Le Gitano bâillait à faire frémir, et appelait l’heure de son supplice avec autant d’impatience qu’un homme qui a bien sommeil et qui désire son lit.

Pourtant il s’en manquait encore de dix-sept heures.

Les moines cessèrent de chanter, car la voix se fatigue ; le bourreau se releva, car la pression du pavé sur les rotules est bien douloureuse. Une peau de bouc remplie de tintilla circula entre les capucins et l’exécuteur. Il est juste de dire que celui-ci but le dernier ; et, comme après tout il était bon humain, il passa l’outre à travers un barreau, et l’offrit au Bohémien.

— Merci, frère, dit celui-ci.

— Par le Christ ! vous êtes bien dégoûté, ré-